Mitad del Mundo
Nous avons passé 2 jours à la Mitad del Mundo (en français la "Moitié du Monde") plus précisément au pied des ruines de Rumicucho dans la maison des frères et soeurs de Carlos, un ami équatorien qui vit sur Lyon depuis plusieurs années. Je tiens à remercier Gladis, Yolanda, Wilman, Wilson, leurs parents, mais aussi Juan un ami de la famille et sa femme Maela pour l'accueil qu'il nous on fait pendant deux jours. Je suis ravi d'avoir pu partager leur quotidien et leur culture. Merci beaucoup.
Stella n'a pas pu en profiter car elle est arrivée malade et a passé la majorité des deux jours au lit en raison d'une intoxication alimentaire due a une bactérie qui a attaqué sa flore intestinale. Nous sommes d'ailleurs allé directement à la clinique dès notre retour sur Quito car son état était préoccupant principalement en raison de la déshydratation dont elle était victime. Résultat le médecin l'a mise sous perfusion quelques heures et lui a prescris des antibiotiques et une diète afin de la remettre d'aplomb.
Wilson m'a prêté son bus de transport scolaire pour pouvoir aller au point de vue du volcan Pululahua ainsi qu'au musée de la Mitad de Mundo qui est situé sur la ligne de l'équateur au degré 00'00'00 du GPS. Wilman m'a accompagné et c'est en regardant le volcan que nous avons croisé Juan, sa femme et leur petite fille Valentina qui nous ont du coup accompagné au musée (et bien plus car Maela y avait travaillé 3 ans en tant que guide j'ai donc eu droit à ma visite privée).
Le cratère du volcan abrite une quinzaine de familles qui vivent de l'agriculture, à l'ancienne puiqu'il y a très peu d'électricité et pas d'engins à moteur. Ils vivent en harmonie avec la terre mais aussi avec les élémentaux. Seulement leur culture a tendance à se perdre car le jeunes ne veulent plus vivre dans ces conditions, attirés qu'ils sont par la lumière du monde "civilisé". Le musée quant à lui permet de comprendre l'effet Coriolis, à travers des exercices tous plus ludiques les uns que les autres (mon préféré reste le test du lavabo : sur la ligne l'eau coule tout droit, à un mètre de la ligne au sud l'eau coule dans le sens des aiguilles d'une montre, à un mètre au nord elle coule dans le sens inverse des aiguilles), mais parle également de l'équateur en général et de la vie en Amazonie. Il explique notamment le procédé utilisé par les fameux réducteurs de tête (je mets les photos, à savoir qu'ils ne pratiquent plus que sur les animaux, et que personne à part eux ne sait de quelles herbes est composée la mixture dans la marmite), ou encore le mode de vie des Wuaorani qui pour certains auraient 150 ans....
D'un point de vue plus personnel je souhaite attirer l'attention sur deux points importants qui sont ressortis des discussions que nous avons pu avoir avec eux et qui tiennent à coeur à ces personnes, ainsi qu'à moi même :
- l'impact de l'homme sur l'environnement. Ils sont victimes d'une déforestation intense, or une terre sans arbres ne peut plus donner la vie, végétale et animale, elle n'est plus fertile et se transforme petit à petit en désert. Ils sont également victimes d'une pollution des points d'eau qui les empêche désormais de se servir en eau pure comme ils le faisaient avant et doivent utiliser de l'eau traitée chimiquement. Leur père nous expliquait avoir vu petit à petit des hommes tout détruire. Ces hommes là sont pour moi "inconscients" car coupés de leur rapport avec la terre. Ils ne se rappellent plus que ce n'est pas la terre qui leur appartient mais qu'ils appartiennent à la terre comme les animaux ou les plantes. Ils ont oublié que leur corps est composé d'eau et que sans elle ils meurent. Ils ont oublié que les arbres leur fournissent l'air qu'ils respirent et que sans eux c'est pareil ils ne peuvent vivre. Ils ont oublié que l'argent ne se mange pas. Je dis ca car ce sont souvent les riches et les puissants, ceux guidés par le pouvoir et/ou l'argent, qui ont le profit pour seul maître, qui sont les plus dangereux. Exemple encore ici à Rumicucho où un propriétaire a tout bonnement rasé des montagnes et continue puisqu'il a le "droit" de le faire. On peut voir l'impact sur certaines photos. Dur pour la population de voir cette montagne disparaître et de s'opposer à ces décideurs.
- l'impact de l'homme sur l'homme. Depuis 500 ans et l'arrivée des conquistadors la population indienne a été décimée et l'inquisition a mis un point d'honneur à évangéliser leur culture. Or ils étaient capables de communiquer avec la terre à travers leurs rituels, entre autres savoirs diverses. Aujourd'hui cette culture qui avait pourtant réussi à survivre est menacée, par les mêmes humains "inconscients" qui imposent leur façon de vivre à travers le rouleau compresseur qu'est la société de consommation capitaliste. Les jeunes ne veulent plus parler le quechua ni perpétuer les danses et autres rituels, préférant consommer et s'habiller à la mode européenne et nord-américaine. Ils vont même jusqu'à interdire à leurs parents de porter chapeaux et habits traditionnels ou encore pratiquer les danses sacrées....
Pour moi ces deux points sont liés. Je sais que mes propos peuvent paraître futiles, puérils ou encore utopiques pour beaucoup mais moi je me sens concerné par le traitement que l'on inflige à la terre et par la souffrance de tous les peuples (car si là je parle de l'équateur et des indiens cette histoire s'adapte à n'importe quelle partie du globe). C'est dur de voir à quel point une partie des êtres humains est si peu concerné par la survie de sa propre espèce. Mais je suis optimiste et je sais qu'il y a des solutions pour lutter contre la "matrice".
A suivre..........
Bon allez j'arrête !!! :-)
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